Ce samedi matin, c’est avec une profonde tristesse et le coeur gros que nous avons appris le décès inopiné de Ward Adriaens.
Historien et Archiviste, Ward Adriaens figurait, avec Natan Ramet et Maxime Steinberg, parmi les fondateurs du Musée juif de la Déportation et de la Résistance, établi dans la caserne Dossin à Malines. Il en a assuré la direction de 1995 à 2010. Il a également contribué à la création de Kazerne Dossin – Mémorial, Musée et Centre de recherches sur la Shoah et les Droits de l’Homme, dont il devint Conservateur honoraire.
Ward Adriaens a su développer ce qui ne devait être qu’un mémorial né d’une initiative privée en un véritable musée, pourvu rapidement d’un centre de documentation et d’une bibliothèque. Ward était un véritable passionné d’histoire. Bien que sa curiosité personnelle l’attirait vers l’histoire de la résistance belge, en particulier celle de Malines et de sa région, il s’est lancé dans le MJDR avec passion. S’attacher aux personnes, à leur histoire, à leur humanité était son crédo.
Ward a joué un rôle de précurseur en matière d’archives, d’abord en veillant à leur conservation de manière professionnelle, dans un espace climatisé et dans des matériaux adéquats. Ensuite en lançant un gigantesque projet de digitalisation des documents afin de les préserver des dégâts du temps. Beaucoup d’institutions se sont ensuite inspirée de ce travail gigantesque qu’il avait mis en œuvre.
Outre la préservation et la digitalisation des documents donnés par des familles, des particuliers, Ward s’est aussi échiné à obtenir de plusieurs institutions (Archives de la Province d’Anvers, Musée national de la Résistance, Institut Martin Buber, Police des Étrangers, Service des Victimes de Guerre) la mise à disposition de leurs archives concernant la Shoah.
Il est aussi à l’initiative du projet « Donnez-leur un visage », qui a débouché sur la publication des quatre volumes « Mecheln-Auschwitz – 1942-1944 », autant ouvrage de référence que livre mémorial. Deux de ces tomes incluent 18.522 photos de déportés juifs ou Roms. Le travail se poursuit encore et a permis de rassembler à ce jour 21.029 portraits de déportés. Il nous en manque encore 4814.
Ward Adriaens a également inscrit le MJDR sur un plan européen, voire international. Il a établi des contacts avec de nombreux musées, tels que Yad Vashem à Jérusalem, le Musée mémorial de Holocauste à Washington, le Mémorial de la Shoah à Paris, la Maison de la Conférence de Wannsee en Allemagne ou le Musée national d’Auschwitz-Birkenau. C’est dans ce dernier lieu qu’il a saisi l’opportunité de réaliser avec son équipe la nouvelle exposition du pavillon belge à Auschwitz.
Bref, cette page n’est pas assez grande pour souligner tout ce que nous lui devons. Ward Adriaens était profondément attentif à l’Humain, en toute circonstance. Nous sommes toujours sous le choc de son départ et il nous manquera à tous ainsi qu’à tous ceux qui l’ont connus.
Toute l’équipe de Kazerne Dossin ainsi que tous les anciens collègues du MJDR saluent sont travail, honorent sa mémoire et surtout, présentent leurs plus sincères condoléances à son épouse, à ses enfants et petits-enfants ainsi qu’à tous ses compagnons de route.
Ward Adriaens, un homme probe et libre, un Humaniste et un libre penseur, un Mensch a tiré sa révérence.