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Ceci est l’histoire de Dora.

Dora et son mari Jacques sont arrivés de Turquie en Belgique au début du 20e siècle. Ils ont eu deux enfants, Corine et Ida. Dora a 35 ans quand elle est emmenée à la caserne Dossin avec son mari et ses enfants. La famille monte dans le Transport Z, le premier de quatre Sondertransporten. À Bruxelles, les nazis divisent le groupe en deux. Les 68 hommes partent pour Buchenwald et les 64 femmes et enfants pour Ravensbrück. Jacques est ainsi séparé de sa femme et de ses filles. 

Dora et sa famille bénéficiaient d’un statut particulier, ils étaient des « Juifs politiques » et tombent sous le coup d’un régime spécial, dépendant des relations diplomatiques et militaires avec leur pays d’origine. De fait, les Juifs ressortissants de certains pays avec ce statut pouvaient éventuellement être échangés contre des prisonniers de guerre allemands. Une des rares opérations d’échange à avoir eu lieu avec des « Juifs politiques » a ainsi été l’échange de quelques Juifs turcs contre des Allemands qui se trouvaient encore en Turquie. Le 4 mars 1945, un convoi avec 105 Juifs turcs à son bord quitte le camp de concentration de Bergen-Belsen. 15 femmes et enfants de Ravensbrück, parmi lesquels Dora et ses filles Ida et Corine, embarquent également à Lübeck. Le groupe est conduit à Istanbul. le 19 novembre 1945 ils peuvent retourner en Belgique. Jacques Halila parvient à s’échapper du train d’évacuation de Rehmsdorf en avril 1945. Il rejoint les lignes alliées par ses propres moyens et est rapatrié en Belgique par avion à partir de la Tchécoslovaquie. Jacques et sa famille sont réunis deux ans après avoir quitté Dossin. 

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Ceci est l’histoire de Simon. 

Simon vit avec ses parents et sa sœur Ita à Etterbeek, où ses parents tiennent une maroquinerie. Avec l’aide d’une voisine, la famille décide de se cacher dans un petit appartement au premier étage d’une maison à Woluwe-Saint-Lambert. Le 17 mars  la Gestapo arrête Simon, Ita et leur mère Chana et les ont emmenés à la caserne Dossin. Hospitalisé, père Léon échappe ainsi à l’arrestation. 

Avec 1598 autres détenus, Simon et sa mère partent pour Auschwitz-Birkenau à bord du Transport XX. Comme elle a choisi la nationalité belge à ses seize ans, Ita parvient quant à elle à y échapper. À ce moment-là, les Juifs belges ne sont en effet pas encore déportés.

Trois jeunes hommes, Youra Livschitz, Jean Franklemon et Robert Maistriau attaquent le train et parviennent à ouvrir un wagon, ce qui permet à dix-sept personnes de sauter du train. Des gens s’échappent aussi d’autres wagons, forcés de l’intérieur. Parmi eux se trouve Simon. Il saute du train à hauteur de Borgloon. Sa maman l’a mis sur le marchepied et l’a lâché au bon moment. Elle-même reste dans le train parce qu’elle n’a plus l’occasion de sauter. Simon trouve de l’aide chez des gens des environs qui le ramènent à Bruxelles où il retrouve son père. La mère et la sœur de Simon, Ita, ont été assassinées à Auschwitz-Birkenau.. 

Simon et son père Léon restent dans la clandestinité jusqu’à la fin de la guerre. Mais la perte de sa femme et de sa fille est trop lourde à supporter pour Léon. Le 9 juillet 1945, il meurt de chagrin dans leur maison d’Etterbeek. Simon a 14 ans et doit continuer tout seul.

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Ceci est l’histoire de Salomon. 

Salomon était originaire de l’Empire russe. Il était marié à Dora Imas, avec qui il a eu deux enfants. D’après l’administration allemande, Salomon était « schneider », qui peut se traduire par tailleur, bien qu’il soit également possible qu’ils faisaient ainsi référence au magasin de tissus qu’il exploitait. Salomon déménage plusieurs fois entre 1912 et 1942. Les versions varient quant à ses lieux de résidence exacts au cours de ces années. Il est mentionné pour la première fois dans l’administration belge en 1924. Son arrivée en Belgique est alors enregistrée par la police d’Ostende. Salomon déclare qu’il ne restera en Belgique que quelques mois. Il retourne ensuite en France. Il est arrêté à Paris en 1925 pour falsification de passeport et condamné à un mois de prison, ce qui lui vaut de recevoir ensuite un ordre d’expulsion du territoire français. 

C’est ainsi qu’il revient en Belgique en 1926. Salomon ouvre avec son frère un magasin de tissus à Gand. Au cours des années suivantes, plusieurs incidents se sont produits dans lesquels Salomon était lié à la fraude et à la falsification. Cela a conduit à une série d’arrestations et de séjours en prison en Belgique. Un procès-verbal est dressé à l’encontre de Salomon Rompel en avril 1941 ; c’est la dernière trace de lui que possède la police belge. Il s’enfuie probablement en France après ça. Dans la nuit du 11 au 12 septembre 1942, Salomon est arrêté au cours d’une rafle d’envergure menée dans les villes françaises de Lille, Lens et Douai. Les personnes appréhendées sont rassemblées à la gare de Lille-Fives avant d’être transférées à la caserne Dossin, où elles embarquent dans le Transport X à destination d’Auschwitz-Birkenau. Salomon Rompel y est mis à mort. 

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Ceci est l’histoire de Esther. 

Esther  est le septième enfant de la famille Blau, qui compte dix membres en tout : huit enfants et leurs parents, Isaac Blau et Helena Goldblatt. Esther passe ses premières années à Debica en Pologne, jusqu’à ce que la famille déménage en Belgique. La famille s’installe dans une maison du quartier Zurenborg à Anvers. Entre le 10 mai et le 17 juillet 1940, Isaac Blau et une partie de la famille tentent d’échapper aux violences de la guerre à Coxyde. Ils reviennent à Anvers quand le pays est sous occupation complète. L’occupant allemand oblige les Juifs à s’inscrire au Registre des Juifs. La famille Blau obéit et tous se font inscrire. La plupart d’entre eux continuent à obéir et achètent aussi plus tard une étoile jaune de David. 

Esther, Rosie et Anna, les trois plus jeunes filles de la famille, sont les premières à être déportées. Esther a 18 ans. Les trois jeunes filles ont reçu un Arbeitseinsatzbefehl (ordre de prestation de travail) qui les convoque pour le travail obligatoire. Le non-respect de cet ordre pouvant entraîner des sanctions pour elles-mêmes et leur famille, les trois sœurs se présentent à la caserne Dossin le 10 août 1942. Elles ne restent que quelques jours à Malines ; le 15 août 1942, les gardiens font monter les jeunes filles à bord du Transport III, lequel emmène les trois plus jeunes sœurs de la famille Blau à Auschwitz-Birkenau. Elles y sont toutes les trois mortes. Seuls deux des dix membres de la famille Blau ont survécu à la guerre. Rochma et Abraham, deux des enfants, ont réussi à s’enfuir à temps et à échapper ainsi à la déportation. 

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Ceci est l’histoire de Elisabeth. 

Elisabeth et sa famille appartenaient à la communauté rom. En 1909, elle a épousé Joseph Karoli ; ensemble, ils ont eu 12 enfants. Depuis son arrivée en Belgique, entre 1922 et 1924, la famille se déplace en roulotte. Pendant leur séjour en Belgique, ils ont régulièrement affaire à la police et à la justice. Ils sont notamment sanctionnés pour avoir laissé un cheval en liberté ou pour avoir installé la roulotte dans des endroits non autorisés. La famille reçoit aussi plusieurs ordres d’expulsion, mais il semble qu’elle n’y obéisse pas. 

En 1943, Elisabeth et trois de ses enfants, Marie, Charles et Karia, se retrouvent en prison pour vol présumé. En novembre de la même année, 19 membres de la famille Karoli sont arrêtés par la Feldgendarmerie. Parmi les personnes arrêtées figurent Elisabeth, son mari Joseph et six de leurs enfants. En décembre, les nazis les emmènent à la caserne Dossin et, le 15 janvier 1944, les font monter dans le Transport Z en direction d’Auschwitz-Birkenau. Elisabeth n’a pas survécu à la guerre.Son fils Stevo est le seul membre de la famille à avoir survécu à la guerre. 

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