10 décembre 2024
La guerre crée un état de chaos dans lequel la loi de la jungle prend le pas sur le droit lui-même. Dans ce brouillard de guerre, les frontières disparaissent et la terreur devient une autorisation d’ignorer les règles. Les règles — appelées droits de l’homme — existent pour protéger les vies innocentes. Mais nous constatons chaque jour comment l’arbitraire et des systèmes insidieux contournent ces règles et piétinent les droits de l’homme. La vengeance aveugle et les représailles ne mènent ni à la justice, ni à la réparation.
Comment justifier l’injuste ? Les meurtres de masse sont une violation de tout ce que les droits de l’homme représentent. Pourtant, nous ne cessons d’assister à des tentatives de rationalisation : propagande, discours de haine, déshumanisation ou loyauté aveugle à une idéologie qui ignore l’universalité des valeurs humaines. C’est un schéma qui se répète tout au long de l’histoire. Le mot « plus jamais ça » a résonné avec force depuis les horreurs de la Seconde Guerre mondiale. Cet appel était au cœur d’accords internationaux tels que la Déclaration universelle des droits de l’homme et la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. Des promesses mutuelles créées à la fin des années 1940. Mais cet engagement exige une vigilance constante, en actes et en paroles.
Faire respecter les droits de l’homme est nécessaire. Mais il faut aller plus loin. Ces droits doivent être compris, partagés et défendus dans la vie de tous les jours. Les droits de l’homme sont plus qu’une notion juridique. Ils sont une boussole éthique qui nous rappelle ce que signifie être humain et placer la dignité au premier plan. Ces droits englobent des principes fondamentaux : la vie, la dignité et la liberté. La dignité humaine reste fragile. Trop souvent, elle est sacrifiée à des intérêts politiques, au pouvoir, à la peur ou à l’indifférence. Au cœur de nombreuses violations des droits de l’homme se trouve un déficit d’empathie : l’incapacité – voire le refus – de considérer l’autre comme un être humain à part entière. L’autre est perçu comme un ennemi héréditaire, une menace existentielle, mais pas comme un miroir de nous-mêmes. Et c’est précisément là que se situe le cœur du déficit empathique.
Il est essentiel de préserver l’histoire, non seulement pour s’attarder sur ce qui s’est passé, mais aussi pour en tirer des leçons pour l’avenir. Il ne s’agit pas de leçons simplistes ou manichéennes, mais de réflexions profondes sur l’humanité et la justice, sur les mécanismes et le prix des politiques de puissance. Une voie crédible vers le « plus jamais ça » commence par la volonté de reconnaître l’humanité dans l’autre, même lorsque cela semble difficile. Elle exige que nous voyions dans le visage de l’autre un miroir où nous espérons apercevoir notre propre humanité. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons tenir la promesse des droits de l’homme et construire un monde où la justice et l’humanité sont la norme.
Tomas Baum, Directeur Kazerne Dossin
* Il semble opportun de remplacer à l’avenir les mots “droits de l’Homme” par l’expression “droits humains”.