La formation de base pour les établissements pénitentiaires comprend désormais une partie de formation à Kazerne Dossin
Le changement d’approche dans les prisons s’inscrit aussi dans la formation du personnel pénitentiaire. Les nouveaux agents pénitentiaires – ou gardiens de prison dans le langage populaire -, les assistants de sécurité et les accompagnateurs de détention suivront désormais une formation à Kazerne Dossin à Malines dans le cadre de la formation de base. L’objectif est d’utiliser des cas tirés de l’histoire pour former ce personnel sur des questions comme l’autorité, les rapports de force et la pression de groupe. Dans les organisations hiérarchiques comme celle des établissements pénitentiaires, les membres du personnel seront tôt au tard confrontés à ces questions. Il est important qu’ils sachent comment les gérer de manière professionnelle. La formation aide également dans la prise en charge des détenus radicalisés. A la police, ces cours font partie de la formation depuis 2014 et cette initiative a été évaluée de manière très positive.
L’administration pénitentiaire évolue vers une nouvelle culture de la détention, avec plus d’autonomie pour le détenu mais aussi pour le personnel pénitentiaire. Dans le cadre de cette autonomie, il est important d’être conscient des risques liés à la pensée collective et aux rapports de force. En effet, il est bien connu que les personnes appartenant à un groupe donné sont soumises à la pression sociale qu’ils le veuillent ou non. Plus particulièrement au sein des structures hiérarchiques et dans le cadre de rapports de force, les individus sont tous susceptibles d’adopter plus ou moins le comportement et les croyances du groupe. Ce phénomène peut s’avérer positif, mais il arrive parfois que des individus adoptent un comportement de groupe qu’en réalité, ils désapprouvent ou dont ils savent que les fondements ne sont pas corrects.
En outre, depuis l’année dernière, la mission d’agent pénitentiaire a été scindée en deux nouvelles fonctions : celle d’accompagnateur de détention et celle d’assistant de sécurité. Chaque mission ou fonction au sein de la prison vise à la réinsertion du détenu et nécessite un juste équilibre entre l’ordre et la sécurité, d’une part, et le soutien et l’accompagnement, d’autre part. Il est essentiel que les membres du personnel accordent une grande attention à l’intégrité en raison de leur fonction d’exemple, qu’ils agissent conformément aux valeurs à mettre en œuvre et qu’ils s’interpellent mutuellement en cas de non-respect de ces valeurs.
Coopération avec Kazerne Dossin à Malines
Alors que l’administration pénitentiaire recrute et forme massivement de nouveaux collègues, le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne et la Direction générale des établissements pénitentiaires ont conclu un accord de coopération avec Kazerne Dossin à Malines. Les nouveaux agents pénitentiaires, les accompagnateurs de détention et les assistants de sécurité, ainsi que le personnel administratif et les cadres, bénéficieront désormais d’une journée de formation à Kazerne Dossin et ce dans le cadre de leur formation de base. Dans le prolongement de cette journée, des compétences importantes telles que la gestion des dilemmes et la gestion de la pression de groupe sont approfondies.
Le point de départ de la formation est l’histoire de la persécution des Juifs et de l’Holocauste pendant la Seconde Guerre mondiale dans le contexte belge. L’objectif est d’amener le nouveau personnel pénitentiaire à réfléchir à des thèmes tels que l’autorité, les rapports de force et la pression de groupe en utilisant des cas de racisme et de discrimination. Il pourra également mieux comprendre le phénomène de la polarisation et de l’extrémisme afin de mieux apprendre à travailler avec les détenus radicalisés.
L’accord de coopération entre la Direction générale des Etablissements Pénitentiaires (EPI) et Kazerne Dossin a été officiellement signé aujourd’hui en présence du ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne. A la police, ces cours font partie de la formation depuis 2014 et cette initiative a été évaluée très positivement.
Vincent Van Quickenborne, ministre de la Justice : « Alors que l’administration pénitentiaire évolue vers une nouvelle culture de la détention et que nous recrutons des centaines de nouveaux collaborateurs, il est important que ces derniers comprennent comment gérer l’autorité et les rapports de force. C’est pourquoi une formation à la caserne Dossin à Malines fait désormais partie de la formation de base. Lorsqu’il s’agit de détenus radicalisés, il est également très important que les collaborateurs pénitentiaires sachent comment les pensées extrémistes se développent et sont alimentées. Ainsi, ils seront mieux en mesure d’accompagner ces détenus dans leur déradicalisation et leur réinsertion. »
Hilde Guffens, directrice de prison et chef de projet pour la différenciation des fonctions à la direction générale des établissements pénitentiaires : « Tant l’assistant de sécurité pénitentiaire dans une prison classique que le nouvel assistant de sécurité ou accompagnateur de détention, ont un impact significatif sur la perception de la détention et le cadre de vie au sein de la prison ou de la maison de détention en tant que personnel de première ligne. Même si le cadre dans lequel ils travaillent est clair et strictement réglementé, ils travaillent dans un contexte difficile où il est nécessaire de rester ferme et de suivre sa ligne de conduite. Grâce aux efforts des centres de formation et de ma collègue Iris Naert, qui a très bien géré ce projet, nous sommes en mesure de travailler avec des formateurs internes qui connaissent très bien le contexte carcéral et qui peuvent donc transposer les connaissances historiques à notre contexte de travail, tant pendant la visite que lors du débriefing. Grâce à cette journée de formation, ils ont l’occasion de réfléchir à leur propre attitude dans l’exercice de leur profession et aux effets qu’elle a sur les détenus, mais aussi sur leurs collègues. Les participants reçoivent des outils pour appliquer les règles et prendre conscience de leur propre marge de manœuvre. »
Tomas Baum, directeur général de Kazerne Dossin : « Kazerne Dossin est fière de partager son expertise avec l’administration pénitentiaire. Ensemble, nous avons créé des opportunités d’apprentissage sur mesure. Le respect des droits humains dans des circonstances difficiles : c’est de cela dont il est question. Le rôle du personnel pénitentiaire ne doit pas être sous-estimé. Il est souvent confronté à des dilemmes éthiques et a un impact important sur les détenus et les collègues. Nous pensons que la prise de conscience de sa propre attitude et de sa marge de manœuvre renforce réellement les collaborateurs. »