Dans la vitrine, près de l’entrée du musée, nous exposons des objets uniques qui ont été confiés au centre de recherche. Ces objets changent tous les quatre mois et racontent chacun un récit particulier. La vitrine est placée cette fois sous le signe de la peinture. Chacun à leur manière, les différents objets de la vitrine évoquent l’art pratiqué par les détenus à la caserne Dossin. Quantité d’artistes et de peintres comptaient en effet au nombre des déportés. Certains ont été conduits à la Malerstube, l’atelier des peintres. Pour autant, ils ne pouvaient y donner libre cours à leur créativité. Ils devaient peindre des numéros de transport sur des pancartes que les détenus devaient porter autour du cou. Les peintres étaient aussi chargés de la réalisation de portraits de gardiens et de leurs maîtresses. En cachette, les artistes peignaient également des scènes de la vie quotidienne à la caserne Dossin et des portraits de codétenus.
Bouteille de térébenthine
Cette bouteille contenait autrefois de la térébenthine. Sur le petit carton accroché au col, on peut lire dans un allemand incorrect « Terpentinol – nur mit 100 mlitter dosieren » (Térébenthine – doser par 100 millilitres seulement). La térébenthine servant à diluer la peinture à l’huile, cette flacon a donc probablement été utilisé dans la Malerstube. Les doses étaient rationnées, ce qui explique la mention des 100 millilitres. On peut voir plusieurs taches de peinture colorées autour de la bague, ce qui laisse supposer que le flacon se trouvait autrefois dans l’atelier des peintres.
La bouteille a été trouvé fin 1944 à la caserne Dossin. Calixte et Emile Vandevelde, deux frères employés à la Régie des Télégraphes et des Téléphones, se rendaient pour leur travail dans des bâtiments vides que les services allemands occupaient pendant la guerre. La caserne Dossin faisait partie de ces lieux. Ils emportèrent chez eux plusieurs objets trouvés pour s’en servir. En 2011, Calixte Vandevelde a fait don des objets originaux à son petit-fils Jo Peeters. En 2023, Jo et son épouse Sophie Van Krunkelveldt ont prêté les objets de la collection à Kazerne Dossin. C’est ainsi que ce flacon de térébenthine s’est retrouvé ici.
Coffret de peinture
Sélectionnée pour son exceptionnel talent de peintre, Irene Spicker faisait partie des détenus qui devaient travailler dans la Malerstube. Elle avait fui en Belgique, mais y est arrêtée en 1942. Les nazis l’emmènent à la caserne Dossin en mars 1943. Elle y reste jusqu’à la libération, en septembre 1944. Carol Deutsch arrive à la caserne Dossin quelques mois après Irene Spicker. Deutsch était un artiste peintre d’Ostende. Il ne reste que quelques jours à la caserne avant d’être emmené avec le Transport XXII B. À Auschwitz-Birkenau, Carol est employé pendant un temps comme peintre des baraquements. Il est assassiné fin 1944 à Buchenwald.
Bien que Carol Deutsch ne soit pas resté longtemps interné à la caserne Dossin, il a néanmoins été en contact avec Irene Spicker, à qui il a donné ce coffret de peinture. Il fait partie des objets qu’Irene a emportés avec elle après la libération de la caserne Dossin. Uziel Awret, le fils d’Irene Spicker et de son époux Azriel Awret, a fait don du coffret à Kazerne Dossin.
Le garçon à la casquette
Il ne reste aujourd’hui qu’une poignée d’œuvres réalisées avec certitude à la caserne Dossin. Il y en avait sans doute plus, mais elles ont été détruites ou perdues. Une des œuvres qui nous est restée est ‘Le garçon à la casquette’ d’Irene Spicker. On ignore qui était ce garçon. Irene a peint ce tableau pendant sa détention à la caserne Dossin : le jeune garçon a été déporté et n’a probablement pas survécu.